dimanche 31 août 2008

Iquique - La feria

(Je fais une premiere omission chronologique, car entre Pica et mon retour a Iquique je suis alle passer une petite semaine a San Pedro de Atacama, mais ayant conscience de mon retard sur mon blog, de mon manque de temps et de mon envie de vite vous parler de la Bolivie, je le fais deliberement!)



Retour a Iquique ou je retrouve Seba et m'installe avec lui dans une petite routine de deux - trois semaines. Seba va voyager avec moi mais avant, il doit finir de travailler. A Iquique commence la feria de Santiago, une foire geante, et Seba bosse comme vendeur pour le patron du stand, Luis. Luis qui, heureusement, ne passe nous voir qu'un quart d'heure tous les quatre jours! On installe le stand, la tente a l'arriere, se fabrique une petite cuisine, et voila notre premiere maison!

Une petite routine s'installe... ouverture aux alentours de midi (c'est le Chili), journee derriere le stand a vendre, beaucoup les week ends et plus tranquillement la semaine, fermeture entre minuit et deux heures, passage a la plage qui est a deux pas, pour se reposer un peu, et gros dodo... Les couple de voisins est tres sympa, et nous laisse tirer a la carabine gratis le soir avant de fermer. Meme qu'on a gagne une peluche. On se fait quelques copains et il y a toujours quelqu'un avec qui papoter un peu, que ce soit la voisine d'en face, Valeska, la bande de jeunes la bas pas trop loin, le tres sympathique Rodrigo et son stand de crepes francaises (delicieuses d'ailleurs), et bien d'autres. Il y a aussi Sergio, que Seba connait de Santiago et moi de la Tirana, qui passe tous les soirs voir si on est motive pour un ptit verre de vin sur la plage, qui est tout petit et tres drole. El Patito aussi bien sur, artisan aussi, qui ne bosse pas sur la feria mais qui passe souvent. C'est notre copain depuis Pica et on passe plusieurs soirees sur la plage avec lui, dont celle de ma demi-annee au Chili. Et puis on recoit des visites, aussi. Rique (ma copine allemande de Valparaiso) passe me voir a son retour de Bolivie, Jibe (copain francais de Valpo egalement) aussi, et passe meme une nuit "chez nous", on l'heberge sous la table du stand.

Les piercings, les courses au Santa Isabel en face, les "300 y dos por 500", le bruit, le regetton, la cumbia,la lumiere des neons, la fatigue... a la fin, ouais, on en a un peu marre de la feria, mais c'est pile a ce moment la qu'elle se termine et que la liberte s'offre a nous... On monte a La Tirana, ou habite Luis, le patron du stand, et on retourne a Pica pour oublier la feria et se reposer un peu... On plante la tente a deux metres de la cocha, au milieu des bambous, et passe deux jours a se baigner, se ballader et boire des jus de fruits exotiques!


















Apres quoi on repasse a Iquique dire aurevoir aux copains, regler quelques trucs, acheter quelques autres trucs et profiter de la ville. Iquique, j'aime beaucoup. La ville est au bord de la plage (je sais que la cote d'azur, c'est pareil, mais c'est quand meme different), Iquique a une odeur de vacances... La rue pietonne, Baquedano, est remplie de vieilles maisons coloniales en bois et de toutes les couleurs. Et au Chili, les vieux batiments, c'est plutot rare. On campe sur la plage le soir, et quel luxe d'ouvrir la tente le matin et d'avoir vue sur la mer et ses vagues. Enfin, c'est relaxant tout ca, mais nos pieds commencent a nous demanger au bout de quelques jours... Cap sur la Bolivie!









PS: J'ai change mon billet de retour, je rentre le 14 decembre!!

mardi 26 août 2008

Pica

Quand la fete de La Tirana est definitivement terminee, avec la bande des copains, on s'entasse dans un mini van pour s'enfoncer d'une cinquantaine de kms un peu plus dans le desert. On debarque chez un copain artisan, Teo. Lui et sa femme Gabi voient leur jardin rapidement transforme en camping mais ils attendent ca chaque annee : le ptit sejour des copains qui viennent se reposer apres avoir bosse a La Tirana.

C'est que Pica, ca invite au repos. Oasis perdue en plein desert, le petit village a tout pour plaire. Y poussent a foison oranges, citrons, pamplemousses, mangues et goyaves... quel bonheur de se faire reveiller par Nico qui vient partager avec moi son jus de goyave! La place du village est toute mimi avec ses bancs roses, le village est plein d'arbres et de vieilles barraques coloniales, les gens sont tranquilles, le soleil brille... apres la folie de La Tirana, l'ombre et le silence sont apprecies par tous!

Mais l'attraction phare de Pica, ce sont les eaux thermales! la source qui alimente l'oasis est en effet une source d'eau chaude et l'eau du robinet sort tiedasse. Nico harcele ses parents pour aller se baigner a "la cocha" et comme on creve tous d'envie d'aller se baigner, il n'a pas a insister beaucoup. Habitues du lieu, les amis connaissent le bon plan baignade et on ne prends pas le chemin qui mene a la cocha grande, celle ou l'entree coute 1000 pesos et ou le port du maillot de bain est obligatoire. Non, nous on va a la cocha chica, celle que tout le monde ne connait pas, au milieu des bambous, gratuite et sans bruit de fond de piscine. L'eau est chaude et on peut s'enfoncer les pieds dans le sable bouillant la ou sortent les bulles de dessous la terre. Les petits poissons nagent avec nous et viennent nous lecher les doigts quand on se tient tranquilles. Un petit paradis...

L'autre paradis, c'est le jardin de Teo. Une petite vie en communaute ou la premiere pressupation quand on se leve vers midi est le dejeuner. Tout le monde s'affaire et Gabi, cuisiniere de metier, mene la danse. On trainasse a table, certains lisent, d'autres travaillent un peu, on joue aux cartes, Pedro sort la guitarre, et l'on arrive a se demander ce qu'on va manger ce soir. La reponse est toujours la meme et le barbecue est toujours excellent. Personne ne sait bien si c'est tres tard le soir ou tres tot le matin quand Pedro range sa guitarre mais qu'importe, chacun va ronfler dans sa tente, heureux d'avoir bien ri.

Et puis, c'est a Pica que j'ai rencontre Sebastian. C'est dangeureux de voyager seul, m'avait prevenu Jibe, on risque de tomber amoureux. Et bien, a Pica, j'ai laisse mes vieilles habitudes de voyageuse solo pour commencer a tracer une route avec Seba, que ma bonne etoile a eu la bonne idee de mettre sur mon chemin...


























La Tirana

Je ne m'attarde pas a Iquique, car si j'ai trace si vite au Nord, c'est pour assister a la renomee fete de La Tirana. La plus grande fete du pays attire une foule hallucinante de croyants et le petit village perdu en plein desert de La Tirana, sans grand interet a toute autre epoque de l'annee, voit son nombre d'habitants se multiplier de maniere incalculable.

Moi, je debarque en bus avec un estonien que je perds rapidement de vue mais par chance, je tombe sur Andrea et Oscar, rencontres la veille sur la plage d'Iquique, et vais planter ma tente a cote de la leur. Ils sont chiliens et voyagent avec leur petit Nico de 4 ans, vivant de leur artisanat. Grace a eux je peux m'incruster dans ce cercle d'artisans hippies chiliens. Tous se connaissent, se croisant et se recroisant sur les routes au fil des annees. Tous m'accueillent a bras ouverts, c'est pas souvent qu'on peut papoter avec une gringa. Image dont je n'arriverait pas a me defaire entierement, mais assez vite je passe de La Gringa a La Lore.

Macrame (fils de couleurs pour faire des tresses, bracelets, etc), alambre (fil de fer, cuivre ou argente), parcet (pate a modeler qui durcit, genre argile), bois, cuir, bien que la plupart des artisans sait jouer de tous les instruments, chacun a sa specialite. Certains ont des stands, d'autres se promenent avec leur stand mobile et se posent un peu ou ils veulent, vendant bracelets, colliers, pierres, pipes, boucles d'oreilles, porte encens, pics a cheveux et tout type de creation. Oscar m'apprends differents noeuds pour le macrame, Armando m'apprends a me servir d'un alicate (pince pour travailler l'alambre), et je fais des pics a cheveux avec Andrea.

Notre petit campement, avec Oscar et Andrea, est miteux et poussiereux mais on y est bien. Nico adopte assez vite mes genoux et je joue beaucoup avec lui. J'ai eu de la chance de tomber sur Oscar et Andrea. Le reste des hippies vivent plus de vin et de marijuana que d'amour et d'eau fraiche et poussent les limites assez loin parfois, mais eux, ils ont Nico et sont tranquilles. L'amitie pointe son nez entre Andrea et moi et je fait vite partie de la famille.

Les jours a La Tirana passent entre cette petite vie avec les amis et la fete de La Tirana. Une fete religieuse en Amerique du Sud, je peux vous l'assurer, c'est pas les conscrits de Villie-Morgon. C'est une semaine complete de FIESTA. L'immense Plaza de Armas, face a l'eglise, est pleine a craquer de gens, de musique, de couleurs et de sourires. de jour ou de nuit, on mets trois ans a faire 100 metres mais qu'importe, puisque dans chaque recoin on peut se regaler les yeux et les oreilles. Les groupes de danseurs pullullent, les costumes sont sublimes, les masques gigantesques et magnifiques, les musiciens soufflent et tapent sur leurs tambours de toutes leurs forces, les folles choregraphies nous entrainent. La Tirana vibre toute entiere, et mon coeur avec elle.

Le 16 Aout a minuit, le calme se fait a une rapidite qui me laisse perplexe. La grande messe de La Tirana commence. Car c'est pour cela que cette fete a vu le jour,c'est pour cela que tout le monde danse a coeur perdu, c'est pour cela que certains fideles arrivent plein de larmes et de poussiere, se trainant ventre a terre jusqu'a l'eglise. C'est pour celebrer la Virgen del Carmen qui est aparrue il y a longtemps deja a l'endroit precis ou trone aujourd'hui sa statue, c'est pour celebrer Jesus, Marie, Dieu et sa grandeur. La foi qui emplie l'air ne m'atteindra pas mais a aucun moment je n'oublie que je suis au centre d'une fete religieuse.

Tout est tellement indescriptible que je ne m'etendrais pas plus et vous laisse avec les photos qui ne peuvent pas elles non plus vous faire vous rendre compte de ce que c'est que la Fiesta de La Tirana. La maniere dont tout ce qui t'entoure te prends les tripes et te remplit de bonheur, il faut le vivre.